Il est toujours plus efficace (et plus rentable) de faire simple. C’est suite à un énième appel sur l’ordre d’affiche des éléments d’un menu que j’ai relu l’article de Linda Tischler publié dans le no 100 de FastCompany. L’article n’est pas récent mais reste d’actualité. J’avoue ne pas partager la complétude du point de vue, notamment sur la notion de complexité mais ce n’est qu’un détail dans la problématique qui nous occupe.
Ceux qui connaissent l’article peuvent se poser la question du rapport entre les deux éléments. L’un découle de l’autre. L’ordre alphabétique est simple, logique, efficace, compris de tous.
Mais revenons aux sources. Comment fait-on dans l’industrie du livre pour imprimer des listes (crédits, remerciements, etc.), on utilise l’ordre alphabétique (ou l’ordre d’impression), celui que nous partageons tous. Dans les grands magasins, les rayons sont répertoriés par ordre alphabétique, le marketing qui permet d’augmenter la performance mercantile est bien séparé de la localisation : à quoi sert un produit ou un rayon à forte visibilité (marketing ou communicante) si l’on arrive pas à le trouver ?! Et bien c’est la même chose avec une rubrique de site.
Avant de poursuivre plus en avant avec d’autres arguments (dont un légal !), un petit test :
Dans le tableau, suivant, il suffit de mesurer le temps qu’il faut pour trouver deux mots (économie & culture par exemple) dans chaque colonne. Il faut faire l’exercice 2 fois. une fois maintenant puis dans 15′.
aventure chantier culture déplacements démarches économie éducation environnement ergonomie exploration festivités logement parc et jardins promenade réussir solidarité sports urbanisme visites guidées |
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Tic tac, tic tac…
Le résultat est sans appel la colonne de droite est plus efficace. Son efficacité est due d’une part au nombre d’éléments : un lecteur mémorise au grand maximum l’arrangement de 10 éléments (et encore, 6 est l’idéal). Mais cette efficacité est également le fait de l’ordre de présentation, l’ordre alphabétique a non seulement l’avantage de permettre de ce repérer très facilement (le référentiel est culturel, commun à tous) mais il permet également de ne pas douter, d’avoir la certitude d’avoir trouvé (ou pas) : puisque c’est bien rangé (c’est à dire l’ordre est connu et reconnu), il n’y a aucune hésitation.
A quoi ça sert ?
Avant de revenir à la grande théorie des classements évidents et efficaces, posons nous la question du but d’une arborescence, d’une navigation ? Le plus souvent, permettre un accès évident, aisé à l’information, au produit. Une bonne interface se doit d’être transparente. L’utilisateur ne vient pas pour naviguer, chercher, il vient trouver de l’information !
La recherche n’est qu’une perte de temps. A moins, à moins que l’objectif soit ailleurs. A moins que l’objectif ne soit pas l’efficacité (économique et dans le service rendu) mais que l’objectif soit un désespéré besoin de se montrer, de marquer les esprits. Si c’est l’objectif, un moyen très simple existe depuis très longtemps : un guichet d’information avec un déficit de personnel et de grosses affiches bien criardes sur les murs d’une salle d’attente qui ressemble plus à une rame de métro aux heures de pointe un jour de grève qu’à la fourniture d’un service d’information et de communication digne de ce nom au XXIème siècle (c’est fou comme le temps passe).
Quelques arguments de poids.
L’article 47 de la loi du 11 février 2005 stipule au travers du référentiel de la S.D.A.E (inclus à la D.G.M.E. et je parle bien ici du référentiel 2004) au critère 1.6 qu’un ordre logique pour des listes est l’ordre alphabétique. Puis le critère 11.8 précise : « Lorsqu’une liste de choix est proposée, l’ensemble des champs de cette liste doit être défini dans un ordre logique[…]Les listes de choix doivent être organisées de manière logique pour que tout utilisateur puisse l’interpréter correctement et aisément. »
Simple et sans appel.
Des exemples comme récréation
Si nous cherchons des exemples proches ou lointains et de même nature, les sites de communes par exemple (!!) :
- Un exemple de superbe « ordonnancement subjectif » est le site du Mans : au secours, j’ai renoncé à trouver de l’info.
- Un exemple de classement logique : Londres, pas très graphique mais d’une efficacité réelle.
- Un autre exemple, le site à destination des habitants de New-York City même si je n’ai toujours pas compris pourquoi l’ordre redevenait subjectif au second niveau du menu….
- Le cas de Lisbonne est plus questionnable car la partie gauche de la page d’accueil est étrangement organisée même si les éléments de listes (Informations institutionnelles et services en ligne) sont logiquement ordonnés et que la partie droite (informations sur Lisbonne) est également logiquement ordonnée.
Je ne cite pas Pékin, car j’ai promis d’arrêter de me moquer bêtement.
La vraie question derrière tout ceci est toujours la même : le site, la publication d’information est-elle à destination des « éditeurs » (pour se faire plaisir) ou est-elle à destination du public pour :
- rendre un service efficace, de qualité et reconnu ;
- réaliser des économies d’échelle par la mise à disposition en direct de l’information ;
- participer à l’image positive d’une équipe au pouvoir.
L’accès à l’information doit-elle être un vaste puzzle ou un long fleuve tranquille…
J’avoue que les journées et les nuits pourraient être longues et ennuyeuses si l’efficacité et l’évidence des interfaces nous permettez de trouver la bonne information (ou service) rapidement. L’art de la recherche, du maniement de souris ou d’onglets doivent rester d’actualité, remplacer le trivial poursuit par une partie de cache cache sur les sites et les moteurs de recherche.
Bonjour chez vous.